Remerciements
appuyés au bar « La Bascule » qui nous a fait
l’invitation pour ce soir. On partage les mêmes valeurs de lieu
autogéré et les principes du coopérativisme
Qu’est-ce que
l’anarchisme ?
→ Une philosophie
politique, l’état d’âme de doux rêveurs vaguement utopistes ou
au contraire l’expression d’une volonté de détruire toute forme
de domination par tous les moyens possibles, y compris la violence ?
Comment militer vers
l’anarchisme pour arriver à changer la société ?
Avant tout, nous
allons vous dire d’où nous parlons car il est essentiel de savoir
qui défend quelles idées au nom de quoi ?
→ Présentation du
groupe la Sociale, du local La Commune et de la Fédération
Anarchiste. (les œuvres RL, Editions, ML)
→ Principes de
base de la FA
→ Table de presse
et une caisse pour le soutien du local La Commune et laisser les
contacts
/////
Grands principes de
l’anarchisme:
Définition très
officielle du Larousse :
Conception politique
et sociale qui se fonde sur le rejet de toute tutelle
gouvernementale, administrative, religieuse et qui privilégie la
liberté et l'initiative individuelles.
Selon l’éminent
géographe du 19° siècle, Elisée Reclus, c’est aussi « La
plus haute expression de l’ordre »
L’anarchisme n’est
pas un projet figé. On vise à construire ensemble les outils
de l’émancipation et le projet politique en fonction de la réalité
sociale, culturelle et historique, ce qui fait des anarchistes des
tenants réalistes du matérialisme scientifique et pas les détraqués
(rêveurs ou terroristes) comme il sont souvent présentés par ceux
qui ont peur de la Liberté. La plasticité de cette conception de
projet politique fait donc de l’anarchisme une philosophie
politique plus en prise avec le réel que le marxisme, car celui-ci
est resté figé dans un dogme issu du 19°siècle et dont qui ne
s’est pas adapté à l’évolution des rapports sociaux.
Dans les grandes
lignes, l’anarchisme défend les valeurs essentielles suivantes :
D’abord la
Liberté → « la liberté des uns étend la mienne
à l’infini » de Bakounine plutot que sa conception
bourgeoise « La liberté individuelle s’arrête là où
commence celle d’autrui ». L’anarchisme ajoute que la
liberté est la condition même de réalisation de l’Egalité
Ensuite, l’Egalité
qui est la condition même de réalisation de la Liberté. La
liberté sans égalité, c’est la loi du plus fort, la liberté du
renard dans le poulailler. L’égalité sans la liberté c’est
l’encasernement de nos espoirs, de nos rêves dans le cadre étroit
de l’Etat, bref, la fin de toute envie de réalisation de projet
politique émancipateur.
Enfin, le
Socialisme, qui est la mise en commun des moyens de production
et la disparition de leur propriété privée
L’anarchisme se
traduit bien entendu par la fin de toute forme de domination
politique. L’abolition de l’État est donc la condition
première à l’affranchissement réel de la Société. Celà passe
donc, en particulier, par le rejet de la dictature du Prolétariat
Mais comment
organiser la société en l’absence d’État ? La
cellule de base de la société est l’individu et pas la famille
comme en système bourgeois. Mais l’homme étant un animal social,
il construit ces relations avec les autres. L’idée de l’anarchisme
est que ces relations sociales soient exemptes de toute forme de
pouvoir et de domination. L’ensemble des relations sociales
est basé sur la confiance et des relations d’intérêts partagés
et librement consentis, plutôt que sur la contrainte.
→ Dans le projet
anarchiste, le Fédéralisme et l’Autogestion (ou
gestion directe) sont les 2 outils de gestion de la société par
les travailleurs et par la population proposés par les anarchistes.
Pour ce qui est
du Fédéralisme :
Sur le plan
économique, la Fédération ou syndicat des travailleurs, avec
la fédération des consommateurs définissent leurs besoins et
décident ensemble ce qu’il faut produire.
Sur le plan
politique, la Commune prend les décisions à son échelle en
fonction des préoccupations qui sont les siennes sur les sujets qui
la concerne. Elle ne le fait pas égoïstement dans le déni des
besoins des autres communes, mais dans le cadre d’intérêts
partagés au sein de la Fédération des communes qui aurait en
charge la construction de la politique (au sens « vie de la
cité ») à une échelle plus large.
L’anarchisme n’est
pas un localisme ni un égoïsme: nous sommes favorables à ce
que l’ensemble des ressources de la planète soit utilisée partout
par tout ceux qui pourraient en avoir besoin. Ainsi, la commune qui
dispose de réserves acquifères ne devrait pas conserver égoïstement
cet accès pour elle-même mais au contraire en faire bénéficier
les autres, au nom du principe de solidarité.
Globalement pour la
consommation de tout type de ressources, nous serons amenés à
définir collectivement nos besoins : par exemple, aura t on
vraiment besoin, dans un système débarassé du capitalisme d’autant
de technologies au vue de leurs impacts ? Ne peut on pas aussi
prendre en considération les contraintes des populations qui doivent
subir les conséquences environnementales de l’extractivisme
minier des métaux rares? Par exemple, admettons que demain la
collectivité décide qu’elle a absolument besoin de cobalt ou de
lithium pour rouler en voiture électrique ou pour les téléphones
portables, leur extraction devra évidemment se faire sans
exploitation du travail, et encore moins des enfants, et de la façon
la moins polluante possible.
Pour ce qui est de
la répartition des tâches dans la société future, nous souhaitons
que les tâches les plus ingrates ne soient pas réservées toujours
aux mêmes personnes, et nous estimons que l’élévation moyenne
des niveaux d’éducation devrait permettre à chacun de décider en
son âme et conscience du métier qu’il souhaite faire, même s’il
semble évident que certains emplois sont beaucoup nécessaires au
fonctionnement de la société que d’autres. Ces emplois, souvent
les plus ingrats, sont aussi les plus mal payés. Il en serait
autrement en société anarchiste. Toute heure de travail serait
valorisée de la même façon qu’elle que soit l’activité. Les
travaux les plus difficiles devraient bénéficier de réduction du
temps de travail et être partagés entre tous, dans la mesure du
possible.
Il est entendu qu’il
ne sera demandé qu’à chacun selon sa capacité, et chacun recevra
selon ses besoins. Globalement, selon l’anarcho-syndicaliste Pierre
Besnard dans son ouvrage « Le Monde Nouveau », la
cohérence entre les besoins et leur satisfaction par la production
des travailleurs pourrait être assurée par les remontées
d’information des instituts de statistiques, et la coordination par
une Confédération des travailleurs et des consommateurs,
représentant leurs intérêts, à faire converger dans le cadre des
contraintes actuelles, en particulier environnementales.
L’organisation
collective passe par le fédéralisme. La Force Collective est
organisée à partir des composantes diverses de la société.
Concernant
l’autogestion. L’autogestion, ce n’est pas gérer son
asservissement comme il peut parfois nous être proposé dans les
entreprises, au travers des cercles de qualité, ou autres instances
participatives dans le cadre de relations sociales que les employeurs
cherchent à pacifier.
L’autogestion,
c’est décider ensemble, sur la base des informations réelles de
la production partagées entre tous, de ce que l’on devrait
produire davantage, ou continuer à produire autant, ou ce que l’on
pourrait arrêter de produire car inutile, et ce que l’on devrait
arrêter de produire car nuisible. Ces décisions d’usage de
l’outil de production ne peuvent se faire qu’en prenant en compte
l’ensemble des contraintes : lieu de production, impact
environemental, difficulté du travail, temps de travail.
Les décisions
productives se prennent sans considération aucune sur le profit
qu’il en sera dégagé, la sur-valeur générée par le travail
pourra alors être partagée entre tous les travailleurs de ce
secteur d’activité et avec les travailleurs des autres secteurs
d’activité, et la collectivité. La notion de valeur du travail ne
sera plus basée sur le profit généré par ce sur-travail, mais sur
son utilité sociale exclusive.
Il ne pourra donc
pas y avoir autogestion sans socialisation des moyens de production
-donc sortie du capitalisme- ni sans la libération des services
publics de l’emprise de l’État, Etat qui décide de l’allocation
des budgets en fonction d’intérêts propres.
Notions de
compétences et Exemple d’autogestion d’un Hôpital.
Si je suis électricien dans l’hôpital je ne vais pas faire les
travaux de chirurgie et réciproquement, pour autant, chaque service
de l’hopital peut fonctionner de façon autonome dans la mesure où
il sert les intérêts communs et coordonnés dans le cadre des
offres de santé publique.
Il y a donc une
logique de contrat entre les parties prenantes de la
société : producteurs et consommateurs, mandatés et
représentés.
Il ne s’agit pas
ici de déléguer nos responsabilités de producteurs, de
consommateurs, et d’habitants d’un territoire à des
professionnels de la politique, fussent t ils anarchistes. Il s’agit
que chacun prenne ses affaires en main, s’implique dans la vie
sociale et publique, pour défendre ses intérêts et ceux des
personnes qu’il peut représenter.
En effet, on ne peut
pas décider démocratiquement dans une AG à 10.000 personnes. Il
faut donc mettre en place les principes du mandat impératif et
le mandaté révocable.
Expliquer le
principe des mandats impératif et
le mandaté révocable
Des exemples de
révolutions anarchistes ou d’inspiration libertaire: La
Commune de Paris 1871, Espagne 1936, Ukraine entre 1917 et 1921
Des exemples de
Scoop 10 ans de Scop-TI (les anciens éléphants- FraLib), Duralex,
LIP dans les années 70 , entreprises autogérées en Argentine 2001
Des territoires
libérés de l’exploitation, Exarchia à Athènes, des communautés
comme Christiania ou ZAD. Le chiapas au Mexique, le Rojava.
Auto-organisation des peuples
CONCRETEMENT
Aujourdhui plus que
jamais les raisons de lutter sont nombreuses : en finir avec les
milliardaires, la casse de ce qui reste des services publics,
augmenter les salaires, baisser le temps de travail pour le partager,
sauvegarder le vivant
Ce dernier point est
central : A quoi peut servir un projet politique défendu par
l’espèce la plus prédatrice de la planète s’il n’intègre
pas la question de quels sont les survivants qui pourraient en
bénéficier ? La COP 29 qui se finit aujourd'hui en azerbaïdjan,
prend acte, après toutes les précédentes depuis 32 ans, que 6
limites planétaires dépassées sur un total de 9: La pollution et
l'exploitation des ressources naturelles par l'humanité ont déjà
entraîné le franchissement de limites comme le changement
climatique, la déforestation, la perte de biodiversité, la quantité
de produits chimiques synthétiques, la raréfaction de l'eau douce
et l'équilibre du cycle de l'azote. L'acidification des océans et
la concentration des particules fines polluantes dans l'atmosphère
sont au seuil critique. Seul l’état de la couche d’ozone serait
sous le seuil acceptable.
Ce sujet environnemental va générer des troubles géo-politiques majeurs dans
les années à venir.
Savoir comment des
militants révolutionnaires peuvent répondre à cet enjeu est
essentiel
Quels sont nos
moyens d’action ?
→ Nous ne sommes
pas une avant-garde éclairée
→ Nous ne
dissocions pas les moyens de la fin. On ne milite pas en France 2024
en phase de recul social comme en 1936 en Espagne en phase
révolutionnaire.
→ Nous ne nous
présentons pas aux élections. " Le pouvoir ne doit pas être
conquis, il doit être détruit " et « « Prenez le
révolutionnaire le plus radical et placez-le sur le trône de toutes
les Russies ou avant un an il sera devenir pire que le Tsar
lui-même. »
→ Le projet
anarchiste n’est pas un projet réformiste, que l’on pourrait
amener de façon graduelle pour anarchiser une culture, une économie,
un Etat. Se positionnant en rupture avec l’exploitation capitaliste
et contre l’État, une société anarchiste ne pourrait advenir que
d’une révolution sociale.
Celà ne fait pas
pour autant des anarchistes des rêveurs la tête dans les étoiles,
attendant le grand soir qui ne viendra peut-être jamais. Au
contraire, les militants anarchistes sont persuadés que l’action
est le moteur de l’histoire.
Les anarchistes ont
été et seront toujours du côté de ceux qui souffrent et qui
luttent pour changer le cours des choses.
C’est dans les
luttes sociales que se créé la conscience de la nécessité du
changement radical de système. Raison pour laquelle nous sommes
depuis nos origines impliqués dans l’ensemble des luttes sociales
pour, d’une part, améliorer la condition concrète des exploités,
et d’autre part pour amener l’idée d’un nécessaire
renversement de l’ordre établi.
Au delà des grands
ou des plus petits faits de l’histoire, les anarchistes ont réussit
à faire passer de nombreuses idées comme acceptables aujourd’hui :
le droit à l’avortement, au contrôle des naissances, l’abolition
de la peine de mort, la liberté de conscience, de pensée et
d’expression, les anars ont été à l’origine du syndicalisme
(révolutionnaire à l’époque) et y sont encore actifs dans nombre
de pays, ont été organisateurs et promoteurs des sociétés de
secours mutuel avant la création de la Sécurité Sociale (de chacun
selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins), ont participé
de tous les combats anti-autoritaires contre le nucléaire, et en
défense de l’environnement, et ont été insoumis et objecteurs de
conscience au service militaire…
Qu’est ce que
nous groupe la sociale on fait ? Comment on fait pour militer
pour l’anarchisme en 2024 ? Pourquoi nous rejoindre ?
Nous pensons qu’il
faut massivement réinvestir et mettre les organisations syndicales
au service des exploités. Nous travaillons avec les forces de
progrès. Nous promouvons les alternatives en acte, même si elles ne
représentent pas une rupture actuelle avec le capitalisme, la force
de l’exemple peut aider à se poser des questions sur le
fonctionnement global de la société. La lutte réformiste peut être
une « Gymnastique Révolutionnaire ». Nous travaillons
dans le cadre d’organisations réformistes (associations,
syndicats…) et parfois avec des organisations réformistes, quand
il nous semble que cela nous permet de faire avancer nos idées dans
le cadre d’une situation politique qui n’est pas révolutionnaire.
Notre perspective est toujours révolutionnaire, aussi ne sommes nous
pas dupes des tentatives de récupération des luttes autonomes par
des professionnels de la politique, que nous dénoncerons toujours.
Car nous promouvons
que chacun prenne ses affaires en main, là où il vit et travaille.
Nous partons du réel vécu par les exploités. Nous n’avons rien
d’autre à proposer qu’une éducation à la science de son
propre malheur.
//
Un penseur actuel de
l’anarchisme, Gaetano Manfredonia dégage trois typologies du
changement social chez l'anarchiste : insurrectionnel, syndicaliste
ou éducationniste-réalisateur
//
L’anarchisme n’est
pas un gauchisme. Il est antérieur d’au moins 50 ans à la
parution en 1920 de l’ouvrage de Lénine « La maladie
infantile du communisme ». Il se distingue des diverses sectes
marxistes en particulier sur le rejet de toute forme d’autoritarisme
et en particulier par le rejet fondamental de son expression
politique : l’Etat